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[Critique] Good Time

Synopsis
Après un braquage raté, Connie réussit à s'enfuir mais son frère handicapé, Nick, est arrêté. Alors qu'il tente de réunir la caution pour libérer son frère, Connie voit une autre option qui s'offre à lui : le faire évader. Commence alors dans les bas-fonds de New York, une longue nuit sous adrénaline.


BON TEMPS

Rare sont les films à proposer une véritable expérience : atmosphérique, immersive et/ou très intense lors du visionnage.
Et pourtant, lorsque l’on va au cinéma, même si le plus souvent, c’est pour se divertir (et ce n’est pas un problème en soit), on peut en attendre plus.
Et si c’est que vous cherchez, alors allez voir Good Time.

Ce film est réalisé par Joshua et Benny Safdie, des frères réalisateurs talentueux, comme peut en témoigner leur précédent film Mad Love in New York.
Mais alors comment Good Time arrive-t-il à nous faire vivre une expérience incroyable au cinéma ?




CHAOS THEORY

Tout d’abord, dès l’introduction du film, on sait déjà qu’on a affaire à un cinéma inhabituel : Des cadrages sur des visages en très gros plans, des plans très serrés, une qualité d’image avec beaucoup de grain, un montage peu orthodoxe, une musique électro quasi expérimentale… Good Time ne prend pas le spectateur par la main, qui se retrouve perdu entre les tourments des différents personnages.
Et en parlant de ces derniers, on les observe déambuler sous les néons des bas-fonds de New-York. Leurs problèmes, leurs volontés, leurs objectifs, tout est soit dévoilé, soit concevable. Et c’est avec un certain plaisir malsain qu’on assiste aux défaillances de ces personnages.




Les acteurs de Good Time sont irréprochables, Robert Pattinson (Twilight, Rover) est étincelant dans ce rôle pathétique, il incarne avec brio un jeune voyou braqueur, aimant son frère handicapé mais ayant une mauvaise influence sur ce dernier : Benny Safdie qui lui aussi, livre une interprétation plus que convaincante, surtout lorsque l’on sait qu’il est co-réalisateur et monteur pour ce film. 
Il y aussi Jennifer Jason Leigh (Les huit salopards, The Machinist) qui incarne merveilleusement bien une femme assez fragile mentalement.
Enfaite, absolument tous les interprètes du film sont incroyables et le plus drôle, c’est que pour la plupart, c’est leurs premiers rôles.
Il est rare de voir autant de conviction et de crédibilité chez tous ces acteurs, ce qui renforce inéluctablement le côté « réaliste » du film.

Et pourtant ! Good Time peut s’apparenter à un drame criminel assez loufoque par bien des aspects : La plupart des personnages enchaînent les mauvais choix et sombrent peu à peu dans le chaos qu’ils ont eux-mêmes crée. Mais le film arrive à rester juste, sans jamais trop pousser le "too-much" et à sortir le spectateur de l’ambiance.
Car oui, si vous vous intéressez un tant soit peu au film, il est dur d’y sortir, tant le rythme est effréné avec une ambiance quasi mystique dans « l’underground » new-yorkais.




Le tout marqué par une bande son tantôt « ambient », tantôt violente, stridente, avec des sons agressifs à certains moments, qui renforce le côté cauchemardesque de cet intense road-movie nocturne. À noter que la BO du film a remporté un prix à Cannes, et que c’est Oneohtrix Point Never qui l’a composé.




ACID

Mais alors, qu’est ce qui cloche avec ce film ? sa réalisation avec sa mise en scène assez brouillonne par moment ? et bien même pas.
En effet, si on peut objectivement trouver des défauts techniques au film, toutes les critiques sont balayées par le fait que Good Time cherche à être cohérent avec l’histoire et le contexte.
Certains plans ont un cadre trop serré, avec trop d’informations à la fois, ou le mouvement est trop rapide, mais toutes ces lacunes sont en fait un effet de style pour garder l’aspect chaotique, qui est relatif à la trame et aux personnages.
On a donc une cohérence avec le fond et la forme, ce qui rend le film, certes difficile, mais terriblement immersif. 
Un petit bémol peut-être, pour la relation entre les deux frères, qui aurait pu être plus intéressante avec plus de scènes tous les deux, pour réellement saisir tous les enjeux et augmenter l’intensité dramatique. Même si au final, ce n’est pas grave car Pattinson arrive brillamment à retranscrire toutes ses émotions et l’affection que le personnage a pour son frère.




Même si Good Time s’appuie sur un décor atypique, le film s’articule sur les personnages, qui sont pour la plupart authentiques. Mais attention ce film est beaucoup plus qu’une fable sur des losers : On peut percevoir (à travers les protagonistes) une critique profonde envers la société, notamment un rapport entre les médias de masse (en l’occurrence la télévision) et les criminels : À la télé, on nous décrit ce qu'ils ont fait, leurs crimes, leurs dangerosités, mais jamais ce qui les a poussés à franchir le cap de la marginalité. Il y a une certaine "déshumanisation" de l'individu.
Avec aussi cet aspect distant, presque banal de la criminalité, à l’image des émissions « téléréalité » sur des policiers traquant et arrêtant des « criminels ».





AMERICAN DREAM

Good Time est un ovni : quelque chose d’à la fois inconnu et étrange, mais aussi d’incroyablement beau et fascinant.
Un film qui s’oublie difficilement, avec un univers et des personnages réalistes, pathétiques mais attachants.
Dans tous les cas, en regardant ce film, vous avez de bonnes chances de passer du bon temps.




Critique écrite par Kyliann M.

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